SCÉNARIOS D’AVENIR :
LES ÉVOLUTIONS SOCIÉTALES AU PRISME DE L’ENVIRONNEMENT
faire de l’environnement le thème fédérateur du débat sur le changement de paradigme
La crise environnementale est intimement liée à la démographie mondiale, démographie qu’il faut regarder en valeur absolue (de 3 à 8 milliards entre 1960 et 2020, soit x 2,3 environ) et en part de consommateurs au sein de cette population (de 1 à 5 milliards environ sur la même période, soit x 5 !). De là, on identifie 3 hypothèses d’évolution :
- l’hypothèse dite « naturelle » d’effondrement démographique sous le coup d’une forte baisse de la fertilité et d’une hausse de la mortalité en lien avec la guerre, la famine, les maladies physiques et mentales, etc… C’est une des manières classiques pour les populations de se réguler lorsqu’elles sont excessives par rapport aux ressources disponibles. Risque : crise humanitaire majeure.
- l’hypothèse dite « politique » de stabilisation démographique comme résultat d’un mélange de mesures telles la politique de l’enfant unique en Chine, le planning familial en Afrique, les incitations à faire moins d’enfants partout… Adoptées dans les années 70, ces mesures sont actuellement questionnées, les dirigeants pensant à nouveau en terme de puissance démographique et donc militaire et nous assistons désormais plutôt à un retour des politiques natalistes – politiques couronnées de peu de succès d’ailleurs. Risque : totalitarismes.
- l’hypothèse dite « techno-économique » de poursuite de la croissance démographique parce que croissance démographique et croissance économique sont corrélées et que les puissances économiques considèrent que le progrès technologique permettra de rendre une humanité pléthorique à nouveau compatible avec les « limites planétaires ». Risque : trans/post-humanisme.
La réalité mêle(ra) ces trois hypothèses suivant des proportions variant selon le moment et la région du monde où l’on se situe. Il est important de le noter avant de se concentrer sur l’Union Européenne (UE).
La prise de conscience des enjeux environnementaux est l’un des apports importants de l’Europe des 30 dernières années au monde, l’UE ayant mis efficacement le sujet sur la table dès les années ’90. Mais peu à peu le débat s’est enflammé et a perdu pied avec la réalité et la faisabilité. Médias et réseaux sociaux peu scrupuleux, groupes idéologiques en quête de pouvoir, intérêts économiques aux agendas cachés, et même forces politiques exploitant la thématique pour accélérer certaines transitions motivées par tout autre chose que l’environnement… Tout ceci a abouti à une perte de contrôle du débat et à une chape de plomb déprimant les populations et paralysant l’action, aboutissant à une désaffection d’un côté et à une « hystérie » générant de grandes difficultés à prendre les bonnes décisions de l’autre.
La rationalisation du débat sur l’environnement apparaît alors comme une priorité pour retrouver de l’efficacité et de la capacité décisionnelle en embarquant à nouveau un collectif citoyen éclairé
1 (plutôt que manipulé).
Un tel projet oblige alors à aborder la question de manière holistique puisqu’il oblige à prendre en compte des aspects d’éducation, d’information et de démocratie. L’environnement deviendrait alors la thématique fédératrice participant au changement de paradigme tant attendu.
C’est à un projet aussi ambitieux que les Rencontres Élisée Reclus souhaitent contribuer.
1 Par exemple, il conviendrait de repartir de la perception de crise environnementale par les gens.