Quelle santé pour la planète ?
Pas d'humains en bonne santé sur une planète malade
(version du 6/12/2023)
Mons - 30 mars 2024
La santé dépend d’un grand nombre de facteurs que l’on ignore ordinairement : le dérèglement climatique, l’extinction de la biodiversité, les perturbations des cycles vitaux, l’épuisement des ressources non renouvelables, la pollution chimique à l’échelle mondiale et enfin, l’explosion dramatique des inégalités. Depuis des décennies, ces différents phénomènes ont été bien décrits, étudiés et analysés et pourtant rien n’a été fait. Une forme massive de déni et de passivité délibérée constitue un problème majeur, d’une importance égale à tous ceux-là. Qui dit santé, dit médecine, mais aussi de justice sociale dans l’accès aux soins et aux médications. Cette vision, au demeurant légitime, est désormais trop étroite.
La révolution industrielle, sur deux siècles, a eu pour conséquence la détérioration notable de la santé de tous les êtres vivants sur cette planète : outre des causes directes (par exemple la pollution massive), il faut également tenir compte de la soudaineté avec laquelle se sont altérées les conditions biophysiques et/ou géochimiques qui prévalaient depuis des millions d’années. Ces bouleversements extraordinairement rapides doivent être intégrés dans une vision holistique de la santé : la santé des êtres humains est profondément tributaire de celle des écosystèmes (du végétal à l’animal, jusqu’au niveau humain, individuel, collectif et mondial). Cet équilibre est fortement menacé.
‘Une seule santé’ est une approche intégrée et unificatrice qui vise à optimiser la santé des personnes, des animaux et des écosystèmes, et à trouver un équilibre entre ces dimensions. Elle utilise les liens étroits et interdépendants qui existent entre ces domaines pour créer de nouvelles méthodes de surveillance des maladies et de lutte contre celles-ci. La collaboration entre les secteurs et les disciplines dans le cadre d’une approche ‘Une seule santé’ est une solution essentielle pour relever les défis complexes auxquels notre société est confrontée en matière de santé. Pour prévenir, détecter les défis sanitaires émergents et y faire face, tous les secteurs concernés doivent collaborer de manière intégrée afin de réaliser ensemble ce qu’aucun secteur ne peut réaliser seul. La mise en œuvre de l’approche ‘Une seule santé’ nécessite des changements structurels majeurs afin d’intégrer les domaines de la santé humaine, la santé animale et la santé environnementale et de faciliter la communication, la collaboration, la coordination et le renforcement des capacités à l’échelle multisectorielle.
Cette vision systémique et holiste de la santé planétaire met au jour la question de plus en plus brulante de l’iniquité sociale. Les populations les plus pauvres au monde sont les plus vulnérables face aux changements rapides des conditions environnementales et à leurs conséquences les plus destructrices. Les régions les plus riches exportent leur pollution vers les régions les plus pauvres ; en même temps, partout dans le monde, elles hypothèquent gravement la santé des générations à venir à cause de leurs addictions à la surconsommation et le pillage colonialiste des ressources.
L’urgence est celle de la lucidité, dont dépendent ensuite la responsabilité et l’action, avec l’espoir qu’il existe en toute société humaine, un potentiel véritable de régénération.
L’OMS soutient la démarche ‘One Health – Une Seule Santé’, relayée localement par les organismes nationaux comme Sciensano en Belgique.