Quels scénarios d’avenir pour parer aux urgences ?
Prospective, anticipation et science-fiction
(version du 9/04/2024)


Charleroi - 4 mai 2024
Nous ne sommes pas les propriétaires ou même les locataires de cette planète. Nous la squattons. Notre démographie est un facteur massivement aggravant des dégâts que nous lui infligeons et qui, pour une grande part, risqueraient d’être irréversibles. Aujourd’hui, l’environnement, par son délabrement accéléré et l’impact des crises systémiques qui vont nous déchirer demain matin, devient l’axe de toutes nos réflexions sur le changement de paradigmes qu’il nous faut mettre en œuvre de toute urgence.
La crise environnementale est intimement liée à la démographie mondiale. En valeur absolue, l’humanité est passée de 3 à 8 milliards de personnes en soixante ans (1960-2020), soit une multiplication par 2,3. En revanche, le monde des consommateurs au sein de cette population mondiale a enflé de 1 à 5 milliards environ sur la même période, c’est-à-dire par un facteur 5 ! La planète ne tiendra pas longtemps le coup.
    Quelles sont les hypothèses d'évolution possibles pour l’épisode suivant de cette saga de l’humanité :
  1. Un effondrement démographique, résultant de guerres, de démantèlement des structures économiques et par conséquent de famines. Ce serait l’hypothèse dite « naturelle », dans la mesure où la population diminuerait du fait d’une très forte baisse de la fertilité et d’une non moins forte hausse de la mortalité (avec une réduction drastique de l’espérance de vie). Dans son histoire, l’humanité s’est adaptée de la manière la plus brutale et sauvage aux pénuries, soit par la faim, soit par la guerre de rapine pour piller les voisins. Ici, nous parlons de conflits multiples et d’ampleur mondiale, avec son corolaire, des crises humanitaires nombreuses et massives, impossibles à gérer.
  2. Un ensemble de mesures autoritaires mises en œuvre par un pouvoir totalitaire (la politique de l’enfant unique en Chine avec son corolaire, l’infanticide des filles) ou interventionniste (le planning familial en Afrique, etc.). C’est l’hypothèse dite « politique », pour la stabilisation démographique. Aujourd’hui, on constate un retour à des politiques natalistes qui répondent à des considérations nationalistes et dans certains pays (généralement industrialisés) à des mouvements (par les jeunes) de dénatalité... Le risque anticipé est celui d’une dérive totalitaire dont on perçoit déjà les signaux
  3. La confiance dans la capacité de la science à réconcilier la démographie explosive avec les « limites planétaires » (ressources biodiversité, agriculture). C’est l’hypothèse « techno-économique », soit un pari sur l’avenir, avec l’arrière-pensée d’une corrélation bénéfique entre croissance démographique et croissance économique. Indéniablement, l’innovation technologique peut offrir des solutions, reste à déterminer si tout le monde, sur terre, pourra en profiter. Le risque est alors celui de l’implantation concrète de l’idéologie post-humaniste, culturellement omniprésente en Occident.
La réalité mêle(ra) ces trois hypothèses suivant des proportions variant selon le moment et la région du monde où l’on se situe. Il est important de le noter avant de se concentrer sur l’Union Européenne (UE).
Malgré l’action de certains groupes de réflexion (comme le Club de Rome : rapport Meadows, Les limites de la croissance, 1972), ainsi qu’une très tardive prise de conscience de l’UE, d’abord empêtrée dans ses propres programmes de dérégulation économique, les enjeux environnementaux n’ont jamais passionné les foules ni sensibilisé les gouvernements. Le débat a dérapé par le désintérêt (la docilité) de l’opinion publique et la mainmise sur l’information de certains médias et réseaux sociaux plutôt sensationnalistes voire négationnistes, de groupes idéologiques ou politiques avides de pouvoir, ou encore d’intérêts économiques…
La rationalisation du débat sur l’environnement apparait alors comme une priorité pour retrouver de l’efficacité et de la capacité décisionnelle en embarquant à nouveau un collectif citoyen éclairé (plutôt que manipulé) dans la co-construction de scénarios centrés sur l’environnement afin de restaurer l’espoir en un futur viable.
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